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LA VIE ET LES ŒUVRES

une embellie dans le ciel toujours si nuageux de madame Valmore. Elle passait, à côté de sa chère Ondine, une saison heureuse à Saint-Denis-d’Anjou, dans les propriétés de son gendre, M. Langlais. De là, elle écrivait à son fils. Hippolyte :

« (Octobre 1852)… Hier, avec Langlais, nous. avons fait le tour de la ville ; (je crois qu’ils disent la ville). Toutes nos visites sont rendues. J’ai vu dans ces maisons bizarres des petites dames très-jolies et de très-beaux enfants, des fruits par paniers, des fleurs toujours. Oui, Dieu est partout ! juge s’il est dans ce silence profond des haines politiques et littéraires. On n’entend parler que de blés mûrs, de vendanges et de poules qui pondent sans s’arrêter. Sans doute ce n’est pas l’Espagne (dont tu m’envoies le charmant écho dans cette vraie colombe dont tu traduis la langue avec émotion[1]), mais c’est du calme, de l’air, sans sonnette aux portes, sans pianos, sans bonnet grec dans un grenier. — Ici tout va de plain-pied…, du moins à la surface des prés que j’ai parcourus. La mélancolie y est sans volupté, sans trop d’épines non plus. Les poëtes n’y font pas de nids, et les tourterelles mangent comme des ogres. »

  1. Carolina Coronado, dont M. Hippolyte Valmore avait traduit une pièce de vers passionnée et mystique.