Page:Corne - La Vie et les Œuvres de Madame Desbordes-Valmore, 1876.pdf/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
82
LA VIE ET LES ŒUVRES

« (7 avril 1847)… Ta bonne lettre me trouve au milieu de nouvelles et vives afflictions. À peine avais-je été frappée de la perte foudroyante de M. Martin (du Nord), que je suis saisie de douleur par celle de Mademoiselle Mars. Cette bien-aimée de toute ma vie, je l’adorais dans son génie et dans sa grâce inimitable ; je l’aimais profondément comme amie fidèle que nos infortunes n’ont jamais refroidie. Au milieu de sa fatale maladie, elle était encore agitée du désir de placer mon cher Valmore à Paris. Mon bon Félix, je t’en prie, dis une prière pour cette femme presque divine. Si tu savais quelle part profonde elle a pris à mon malheur de mère, tu l’aimerais comme on aime un ange, et c’est comme telle que je la pleure. Je suis donc une femme bien désolée, mon pauvre ami… »

— « (8 octobre 1849)… L’excellent M. Martin (du Nord), dont la vie a été bonne à tous ceux qui l’ont approché ! Ce nom sera toujours dans ma bouche comme un éloge et une prière. Depuis qu’il n’est plus, tout est fini pour nous. Lui, M. de Chateaubriand et madame Récamier ont laissé en moi autant de tristesse que de gratitude[1].

  1. Note de M. Sainte-Beuve : « Madame Valmore n’avait jamais invoqué vainement en M. Martin (du Nord), garde des sceaux, le compatriote et le pays. Elle lui demandait chaque année des grâces pour étrennes, des délivrances de prisonniers. Elle avait une manière de les lui demander en glissant un mot de patois flamand (accoutë m’un peu, Écoutez-moi un peu,) et elle les obtenait toujours. »