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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

pillage de mon temps : partout le travail, les correspondances, ménage, couture et visites, qui remplissent mes journées ; elles sont de huit heures jusqu’à minuit, plus tard, je t’en parlerai ; rappelle-toi ce que je t’ai dit quant aux notions qui peuvent t’être restées précises sur notre famille et nos chers père et mère. Je vous ai tous quittés si jeune, que je sais peut être moins que vous de notre origine. Tout ce qui est resté gravé dans ma mémoire, c’est que nous ayons été bien heureux et bien malheureux, et qu’il y avait pour nous bien du soleil à Sin[1], bien des fleurs dans les fortifications : un bien bon père dans notre pauvre maison, une mère bien belle, bien tendre et bien pleurée au milieu de nous. »

« (8 mars 1847). Tu vois, mon ami, que je t’écris seulement aujourd’hui pour te dire d’attendre, et je n’ai pas voulu retarder ma lettre jusqu’au moment où je pourrai y joindre un envoi d’argent. Je veux avant tout t’épargner l’inquiétude qu’un silence plus long te causerait, sachant bien que ton cœur s’en rapporte au mien de l’empressement que je mettrai à partager avec toi le premier rayon bienfaisant que la vierge m’enverra. Ce dernier déménagement m’a tout pris. C’est fièrement douloureux d’interrompre ainsi les seules douceurs consolantes de ma vie. »

  1. Village près de Douai, où l’on allait les dimanches et jours de fête.