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LA VIE ET LES ŒUVRES

aimé et cherché au milieu de toutes nos épreuves ; j’ai des moments où je croule ; mais je me sens toujours soutenue par cette main divine qui nous a faits frère et sœur pour nous aider et nous chérir, mon bon Félix. Tu sais quel bonheur je trouve à remplir ma mission, et je te remercie d’avoir également rempli la tienne ; en m’aimant fidèlement, tu m’as bien souvent consolée des amitiés légères et oublieuses de ce monde. La nôtre sera de tous les mondes. »

« (14 avril 1843). Tu me rends bien heureuse de m’avouer la tendance de ton âme à prier, mon bon frère ; je ne sais s’il y a sur la terre rien de plus utile et de plus doux que de retourner de bonne volonté à la source de notre être et de tout ce que nous avons aimé au monde. Tous les biens se perdent et s’évanouissent ; ce but seul est immuable. Rien n’humilie avec la foi dans ce juge équitable et tendre. J’aime beaucoup Dieu, ce qui fait que j’aime encore davantage tous les liens qu’il a lui-même attachés à mon cœur de femme. Tu sentiras aussi par degrés toutes les fougues de ton cœur d’homme s’apaiser devant cet immense amour qui purifie tous les autres, et tu seras comme un enfant qu’une fleur contente et rend riche. »

« (1844)… Mme S., arrivée il y a quatre jours, m’a remis ta lettre et tes manuscrits, que je n’ai pas eu le loisir d’ouvrir encore, car je suis comme au