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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

m’ont permis de jeter les yeux sur le trésor domestique tout intime qu’ils ont pieusement conservé et mis en ordre… Je me figure que le tableau de cette existence si délicate, si généreuse et si combattue, pourrait être d’un véritable intérêt et d’une consolation efficace pour bien des âmes également éprouvées, à qui le sort n’a cessé d’être inclément et dur. »

Et moi aussi je voudrais largement profiter de ce trésor domestique, mis à contribution avec bonheur par un grand esprit tel que Sainte-Beuve, mais, au terme d’un travail déjà trop étendu, je suis forcé de me borner à de courtes citations :

— Madame Desbordes-Valmore avait un frère, ancien soldat de l’empire, qui vivait à Douai, vieux, infirme et dans le dénûment. Si gênée qu’elle fût elle-même, elle s’ingéniait à trouver quelqu’argent qu’elle pût envoyer à son frère Félix, et ses secours fraternels, elle les accompagnait toujours de bonnes paroles propres à relever et à réconforter ce pauvre vétéran :

« (14 janvier 1843)… Hélas ! Mon bon Félix, quand nous n’en pouvons plus du fardeau de nos peines, n’oublions pas que la bonté de Dieu ne nous a pas tout-à-fait abandonnés et qu’enfin nous sommes ses enfants. Quelque chose de grand est caché sous nos souffrances. — Allons ! plus nous aurons payé d’avance, plus il nous dédommagera de l’avoir