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LA VIE ET LES ŒUVRES


N’écris pas. N’apprenons qu’à mourir à nous-mêmes.
Ne demande qu’à Dieu… qu’à toi si je t’aimais !
Au fond de ton absence écouter que tu m’aimes,
C’est entendre le ciel sans y monter jamais,
N’écris pas !

N’écris pas. Je te crains ; j’ai peur de ma mémoire ;
Elle a gardé ta voix qui m’appelle souvent.
Ne montre pas l’eau vive à qui ne peut la boire,
Une chère écriture est un portrait vivant.
N’écris pas !

N’écris pas. Ces deux mots que je n’ose plus lire !
Il semble que ta voix les répand sur mon cœur,
Que je les vois brûler à travers ton sourire ;
Il semble qu’un baiser les empreint sur mon cœur…
N’écris pas !

Sainte-Beuve qui marquait bien haut, comme nous l’avons vu, la place de madame Desbordes-Valmore parmi les poëtes dont la France s’honore, lui a rendu un dernier et précieux hommage en publiant un volume consacré à mettre en relief, par des fragments de la correspondance qu’elle a laissée, les sentiments et le naturel si bons et si élevés de cette femme d’élite.

« Les Anglais, dit-il au commencement de son livre, ont une manière excellente de payer un dernier tribut à leurs grands ou à leurs aimables poëtes : C’est de recueillir et de publier de chacun, au lendemain de sa mort, un choix de textes, de documents familiers, de lettres écrites ou reçues. L’amitié et la confiance de MM. Valmore père et fils