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LA VIE ET LES ŒUVRES

Un habitant de notre ville visitait l’Italie. Dans les églises et les musées, sur les places publiques, au milieu d’un monde de chefs-d’œuvre, il voyait briller du plus vif éclat le génie d’un grand statuaire ; la foule des admirateurs répétait un nom, celui de Jean de Bologne. Notre Douaisien aussi contemple et admire ; mais il revendique pour sa ville natale l’honneur d’avoir donné le jour au sculpteur illustre dont l’Italie, avide d’une gloire de plus, a trop habilement dénaturé le nom[1]. Un Italien, galant homme, avait entendu cette patriotique réclamation : « Oh ! vous avez bien raison, dit-il, au nom de votre ville de Flandre, de revendiquer celui-là ; car nous, Italiens, nous n’en avons qu’un plus grand, et il s’appelle Michel-Ange. »

Dans la gloire sans doute il y a des degrés ; mais, après l’honneur de compter parmi ses enfants un statuaire du premier ordre, un immortel artiste tel que Jean de Bologne, notre ville a certes aussi le droit de s’enorgueillir d’avoir donné le jour à Marceline Desbordes-Valmore, une des femmes de France dont le nom revient sur les lèvres quand on veut exprimer, n’importe de quel siècle littéraire il s’agisse, celles qui ont reçu d’en haut les dons les

  1. Le grand statuaire s’appelait en réalité, Jean Boulongne ; il était né à Douai, en 1524. On montra longtemps dans notre ville sa maison paternelle, rue basse de la Mairie, connue alors sous le nom de rue du Pont-à-val.