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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

cis, cette femme au cœur inépuisable, avait bien des fois ravivé la source de ses inspirations. Les vers qu’elle laissait alors négligemment tomber sur quelque feuille détachée, soit au souvenir de ses anciennes douleurs, soit sous l’impression des faits de chaque jour, s’étaient accumulés devant elle ; dans sa modestie profonde et comme désintéressée de sa gloire, elle n’avait pas songé à les publier. A. sa mort, M. Révilliod, un Genevois, ami des lettres, professant un vrai culte, pour une mémoire qui avait tous ses respects et son admiration, s’empressa de recueillir et de publier ces poésies posthumes. Les critiques les plus autorisés les eurent en grande estime, ils remarquèrent que si c’était encore la verve attendrie et saisissante des premiers chants, il s’y trouvait la marque du travail et un art caché qui rendaient plus entiers l’essor et l’effet poétiques.

Je ne résiste pas au plaisir d’emprunter aux oeuvres posthumes de Madame Desbordes-Valmore ce morceau d’un mérite accompli, selon moi.


LES SÉPARÉS


N’écris pas. Je suis triste et je voudrais m’éteindre.
Les beaux étés sans toi, c’est la nuit sans flambeau.
J’ai refermé mes bras qui ne peuvent t’atteindre,
Et frapper à mon coeur, c’est frapper au tombeau.
N’écris pas !