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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

vivantes pour elle par les souvenirs, sa terre natale, sa maison, son berceau, tous les lieux où elle a marqué ses premiers pas et promené ses joies enfantines ; avec quel naïf amour ne s’attachera-t-elle pas aux premières âmes aimantes qu’elle rencontrera dans la vie, aux douces et gracieuses jeunes filles qui, parmi ses compagnes d’école et de jeux, viendront à elle avec les plus affectueux sourires ? Rose-Marie, Albertine, voilà celles qu’elle a aimées, enfant, de toute son âme, qui lui ont ont été ravies par l’éloignement, par la mort, mais dont bien longtemps après, elle redira encore les noms chéris dans des vers pleins de larmes.


LA GUIRLANDE DE ROSE-MARIE


« Te souvient-il, ma sœur, du rempart solitaire
Où nous cherchions, enfants, de l’ombrage et des fleurs,
Et de cet autre enfant qui passait sur la terre
Pour sourire à nos jeux, pour y charmer nos pleurs ?
Son dixième printemps la couronnait de roses.
Marie était son nom, Rose y fut ajouté.
Pourquoi ces tendres fleurs, dans leur avril écloses,
Tombent-elles souvent sans attendre l’été ?

Tu sais, ma sœur, tu sais qu’elle était belle.
Tous les enfants cherchaient à l’embrasser ;
Quand son regard venait nous caresser,
Pour la voir plus longtemps nous courions après elle,