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LA VIE ET LES ŒUVRES

Respire-t-il encor à travers les barreaux ?
Partage-t-il encor avec sa tourterelle
Son pain qu’avaient déjà partagé ses bourreaux ?
Cette fille de l’air à la prison vouée,
Dont l’aile palpitante appelait le captif,
Était-ce une âme aimante au malheur envoyée ?
Était-ce l’espérance au vol tendre et furtif ?
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Et lui, voit-il encor froide sentinelle
Attachée en silence au cercle de ses jours ?
D’une faute expiée est-ce l’ombre éternelle ?
Sur ses rêves troublés veille-t-elle toujours ?
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Oh ! que j’ai vu souvent ses yeux luire dans l’ombre,
Étonné qu’un enfant vint lui tendre les bras !
Il me montrait ses mains l’une à l’autre enchaînées.
Je les voyais trembler, pâles et décharnées.
Au poids de tant de fer joignait-il un remord ?
Est-il heureux enfin ? est-il libre ? est-il mort ?
Que j’ai pleuré sa vie !

Un de nos concitoyens, M. Romain Duthilleul, grand admirateur du talent et du caractère de madame Desbordes-Valmore, et qui était sûr de toucher chez elle la fibre sensible en lui envoyant un souvenir de sa terre natale, lui avait fait parvenir un bouquet de fleurs écloses à Douai. Voici un passage de la pièce de vers qu’elle lui adressa en réponse :

« Ô fleur du sol natal ! ô verdure sauvage !
Par quelle main cachée arrives-tu vers moi ?