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LA VIE ET LES ŒUVRES

les excursions qu’elle faisait en compagnie de son frère Félix, dans une ruelle voisine de Notre-Dame, alors toute bordée de jardins, excursions entremelées de quelques tentations de maraude :

« En me haussant au mur dans les bras de mon frère,
Que de fois j’ai passé mes bras par la barrière
Pour atteindre un rameau…
… qui s’enfuyait toujours,
Quand nous allions chercher pour le repas du soir
Notre lait à la Cense, et longtemps nous asseoir
Sous ces rideaux mouvants qui fermaient la ruelle !
Hélas ! qu’aux plaisirs purs la mémoire est fidèle !
Errants dans les parfums de tous ces arbres verts,
Plongeant nos fronts hardis sous leurs flancs entr’ouverts,
Nous faisions les doux yeux aux roses embaumées. »

Mais voici qu’apparaît la figure du propriétaire fronçant le sourcil à la vue des petits indiscrets :

« Et nous ne partions pas à sa voix sans courroux.
Il nous chassait en vain ! l’accent était si doux !
En écoutant souffler nos rapides haleines,
En voyant nos yeux clairs comme l’eau des fontaines,
Il nous jeta des fleurs pour hâter notre essor ;
Et nous d’oser crier ! Nous reviendrons encor ! »

Dans l’élégie intitulée : La vallée de la Scarpe, madame Desbordes-Valmore s’adresse à son frère, qui a continué d’habiter la ville de Douai, tandis qu’elle, cédant à sa destinée, elle est forcée de vi-