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LA VIE ET LES ŒUVRES

mise à genoux devant l’autel et elle a prié Dieu avec une naïve ferveur. Mais cette belle image semble se perdre dans la nuit. Voici qu’une autre bien différente la remplace : au fond de sa mémoire. Marceline revoit les mêmes lieux, les mêmes gothiques murailles ; mais ce ne sont plus que sombres nefs, nues, dégradées, silencieuses. La terreur révolutionnaire en a fait presque des ruines. Non loin du théâtre de guerres terribles, elles ont servi tantôt de magasins militaires, tantôt d’hôpital pour les blessés ; leur enceinte profanée est désormais livrée au premier venu. Les enfants eux-mêmes s’y hasardent dans leurs jeux, mais pour s’enfuir bientôt, au moindre bruit, le cœur serré d’un vague effroi.

Le cimetière Notre-Dame (il faut bien que je le dise pour être de tous points véridique), ne s’est jamais montré aux yeux de Marceline et de ses sœurs que sous un jour aimable. Dès qu’elles ont su faire leurs premiers pas, elles sont venues là jouer sur le gazon parmi les tombes. Si près de la maison paternelle, c’était comme leur jardin ; c’était leur lieu habituel de récréation. L’enfance ne comprend pas la mort ; elle ne sait pas accepter les idées tristes, même celles que le spectacle des tombeaux éveille si fortement chez l’homme plus avancé dans la vie. Dans les Petits Flamands, madame Desbordes-Valmore nous peint l’essaim de petites filles qui venaient, après l’école, au cime-