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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

plus loin l’impression que faisait sur l’âme de Marceline quelque pâle figure de prisonnier entrevue à travers les barreaux.

Le rempart (« son vieux rempart » comme elle l’appelle), il est là avec sa ceinture de murailles datant du moyen âge, crénelées, flanquées de tours et portant encore les stygmates des boulets de Louis XIV. Que de fois s’échappant du logis paternel, Marceline accourt avec ses joyeuses compagnes pour grimper à l’envi sur les talus gazonnés et jouer à l’ombre des ormes séculaires !

Mais les lieux dont le souvenir est le plus vivant dans la mémoire et dans les vers de notre compatriote, c’est l’église Notre-Dame et son cimetière, tout voisins du logis paternel. Il est aisé de voir, à la lecture des Petits Flamands et de diverses poésies de madame Desbordes-Valmore, que, pour elle, il n’y a pas, comme pour nous, une seule Notre-Dame, à Douai, mais qu’il y en a deux. L’enfance de Marceline, ne l’oublions pas, répond à ces dix années qui ont vu des choses si disparates et de si étranges changements, je veux dire à l’espace de temps, renfermé entre 1786 et 1797. Marceline a un lointain souvenir qui lui représente une superbe église, resplendissante d’ornements et de pompes religieuses ; elle croit entendre encore les hymnes sacrés et la grande voix de l’orgue qui retentissaient sous les voûtes. Là, pour la première fois, elle s’est