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LA VIE ET LES ŒUVRES

dans la cheminée. La table est couverte d’une belle nappe, et ces jours-là, Marceline émerveillée admire, entre autres choses sur la table, des couverts d’argent et des bouteilles fluettes, transparentes, qu’on appelle en Flandre des religieuses, et qui laissent, sous leur verre mince, apercevoir un vin clairet, destiné à célébrer quelque fête de famille, ou l’arrivée extraordinaire d’un parent ou d’un ami.

Pour en finir avec la maison, jetons un coup d’ail sur la cour. Elle est étroite, peu visitée du soleil, mais ce puits qu’on aperçoit sur l’un des côtés, ne manque pas d’un certain caractère, au point de vue des habitudes locales. Il est mitoyen et fermé de chaque côté par un grand volet. Sa double margelle est comme une sorte de parloir établi entre les deux maisons qu’il dessert. C’est là que matin et soir, les ménagères, tout en puisant l’eau nécessaire aux besoins de l’intérieur, échangent entr’elles les nouvelles du jour, ou se font part mutuellement de leurs peines et de leurs griefs personnels.

À cent pas de la maison Desbordes, s’élève la masse imposante de la tour Notre-Dame, dans l’épaisseur de laquelle est ouverte une des portes de la ville. La partie supérieure de cette tour sert de prison militaire. Les murs de cette prison sont percés d’un étroit guichet et de quelques rares fenêtres armées d’un treillis de barres de fer. Nous verrons