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LA VIE ET LES ŒUVRES

La maison d’aujourd’hui ne nous regarde point ; mais celle où Marceline vint au jour, où elle fit ses premiers pas, celle qui, à ses yeux d’enfant, comme elle le dit quelque part elle-même, « paraissait grande et si belle, » c’est autre chose ; jetons-y donc un regard curieux, si vous le voulez bien.

Voici l’étroit corridor que la diligente mère de famille, fidèle aux traditions de la propreté flamande, a soin de laver à grande eau souvent. Entrons dans la première pièce, à gauche ; c’est la salle commune, avec son poêle de fonte dans l’âtre, une lampe de fer accrochée à l’un des piliers de la cheminée, un rouet près de l’une des deux fenêtres, et derrière la porte une horloge antique dont on entend le tic-tac sous sa longue gaîne de bois. Dans cette pièce, la vénérable aïeule va et vient, faisant le ménage et veillant sur le pot-au-feu. Cette jeune femme, assise à son rouet, c’est la mère de Marceline, véritablement belle, avec une magnifique chevelure blonde ; elle passe ses jours et de longues soirées à filer le lin. Les soyeux écheveaux qu’elle a préparés d’une main délicate sont renommés dans les Flandres parmi les tisseurs de batiste. Dans un coin, on aperçoit les premières marches en grès d’un escalier qui mène à une cave habitée, laquelle par un autre escalier s’ouvre sur la rue. Le ménage installé dans ce séjour souterrain se compose d’un mari, ancien tambour de régiment, présentement restaurateur de