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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

où le pays sera aux prises avec l’Europe coalisée, ce garçon là sous des chefs qui s’appelleront Kellermann, Hoche, Moreau, Napoléon, montrera vertu et talent militaires, conquerra pied à pied tous ses grades, se fera, pour son pays, cribler de blessures, depuis Valmy jusqu’à Austerlitz, et il sera le général Scalfort, une des illustrations guerrières d’une prodigieuse époque. Dans sa retraite, à Douai, au milieu de ses concitoyens, vieux soldat mutilé, il s’honorera encore par un trait héroïque : un jour d’émotion populaire, après le désastre de Waterloo, au moment où sera près d’éclater sur la place publique une collision sanglante, il se jettera entre le peuple et la garnison exaspérée, et la poitrine devant la bouche d’un canon, s’adressant à ses anciens compagnons d’armes, il s’écriera : « Amis, si vous tirez, c’est moi que vous frapperez le premier. »

Je n’ai pas résisté au plaisir de saluer en passant la vieille hôtellerie où est né un de nos héros légendaires ; j’arrive au logis de la petite Marceline : C’est la porte à côté de L’homme sauvage. Elle est restée à peu près la même, cette humble maison, et elle est bien reconnaissable à la niche qui la surmonte. Là était la madone vénérée devant laquelle Marceline et ses sœurs, les jours de fête allumaient pieusement de petits cierges, et qu’elles se plaisaient à entourer de guirlandes de feuillages et de fleurs.