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LA VIE ET LES ŒUVRES

niers, enfin les rues, les places, les champs, les bords riants de la Scarpe où elle allait courir et jouer avec ses jeunes compagnes, au sortir de l’école.

Dans l’esquisse du vieux Douai et du berceau de Marceline que je vais tracer d’après elle-même, passez-moi, je vous prie, quelques détails trop menus, quelques vulgarités sans doute. Si je me fais peintre en ce moment, veuillez vous souvenir que je suis de l’école flamande ; nécessairement, à ce titre, vous me trouverez excusable de serrer d’assez près la réalité :

Nous sommes en 1788. Devant nous, qui venons de la place d’armes de Douai, voici que s’ouvre largement, à l’est, la rue Notre-Dame. Sur le rang de droite, au-dessus de la porte d’une vieille hôtellerie, une enseigne aux vives couleurs attire nos regards. Cela nous représente un superbe sauvage, à la figure tatouée et terrible, et la tête empanachée de grandes plumes blanches ; fraîchement repeinte par les soins de l’hôtelier, cette portraiture est pour les petits garçons et les petites filles un objet en même temps d’effroi et d’admiration.

L’hôtelier de l’Homme sauvage, comme dit le populaire Douaisien, a un fils, qui un beau jour s’est fait soldat. On commence à en parler comme d’un garçon de belle espérance. En effet, quand sonnera l’heure où il faudra courir à la frontière,