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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

notre époque abonde en romans où le talent d’écrire ne manque pas et qui sont d’une lecture attachante. Une âme de poëte, c’est plus rare. Ce don divin de la poésie a fait de madame Desbordes-Valmore la femme célèbre que nous honorons. Resserré dans d’étroites limites de temps, je ne m’occuperai que de ses poésies, qui ont charmé ses contemporains, qui sont véritables titres devant la postérité.

Il est une exception cependant que je devrai faire, et en faveur d’un simple conte pour les enfants, intitulé les petits flamands. L’amour de la terre natale et la force des souvenirs d’enfance sont deux traits singulièrement accentués de la physionomie poétique de madame Desbordes-Valmore. Pour ma part, je ne connais pas d’écrivain célèbre qui se soit plus identifié avec le lieu de sa naissance, et qui, jusqu’à son dernier jour, ait tourné vers la terre où fut son berceau un regard plus attendri. Le conte « Les petits flamands » est à lui seul toute une charmante galerie de tableaux d’intérieur : dans ces tableaux pleins de couleur locale et de vie, madame Desbordes a peint avec amour tout ce qui l’entourait aux jours de son enfance, la petite maison où elle vécut aimée et heureuse, les édifices qui frappaient ses regards autour du logis paternel, l’église, le cimetière, le vieux rempart, la tour sombre où apparaissaient derrière des barreaux de fer des figures de prison-