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LA VIE ET LES ŒUVRES

cette nature d’élite d’où sont sortis, comme d’une source vive, tant de sentiments vrais, tendres, profonds ; et voici qu’elle-même met en pleine lumière et sa nature et son génie par quelques traits d’une vérité inimitable et dont rien, selon moi, ne dépasse la grâce touchante :

« Je ne suis qu’une faible femme ;
Je n’ai su qu’aimer et souffrir ;
Ma pauvre Lyre, c’est mon âme.

Dans une seconde conférence, si vous le voulez bien, nous passerons en revue les œuvres de madame Desbordes-Valmore. Au premier abord, il semble qu’il y ait quelque hardiesse à occuper un nombreux auditoire pendant plus d’une soirée de volumes de vers dus à une âme poétique ; notre siècle est si positif et si prosaïque !… Eh ! bien, permettez que pour ma part, je pense mieux de notre siècle. Sans doute nous sommes bien loin d’avoir, comme autrefois nos pères dans leur existence trop souvent vide d’occupations sérieuses, l’engouement des petits vers, des prétentieuses bagatelles, ou bien encore le culte affecté d’une versification pompeuse et froide qu’on appelait complaisamment de la poésie. Cette mode a fait son temps, elle est passée sans retour, avec des mœurs superficielles et un désœuvrement d’esprit qu’aujourd’hui nous com-