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LA VIE ET LES ŒUVRES


Sur la Lyre où ton front s’appuie
Laisse donc résonner tes pleurs.
L’avenir du barde est la vie,
Et les pleurs que la gloire essuie
Sont le seul baume à ses douleurs.

Écoutons la réponse pleine d’attendrissement et de reconnaissance que la pauvre Philomène envoie à son illustre consolateur :

Triste et morne sur le rivage
Où l’espoir oublia mes jours,
J’enviais à l’oiseau sauvage
Les cris qu’il pousse dans l’orage
Et que je renferme toujours.

Et quand l’eau s’enfuyait semée
De tant d’heures, de tant de mois,
Sous ma voile sombre et fermée,
D’une vie autrefois aimée
Je ne traînais plus que le poids.

Après avoir décrit toutes ses souffrances morales et son désespoir, elle nous montre son ciel qui tout à coup s’embellit, s’illumine :

Je ne sais quelle voix puissante
Retint mon souffle suspendu,
Voix d’en haut, brise ravissante
Qui me relevait languissante,
Comme si Dieu m’eût répondu.

Mais pour trop d’espoir affaiblie,
Et voilant mes pleurs sous ma main,
J’ai dit dans ma mélancolie,
Lorsque tout m’ignore ou m’oublie :
« Quel Ange est donc sur mon chemin ? »