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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

Vigny disait d’elle qu’elle était « le plus grand esprit féminin de notre temps », je me contenterais de l’appeler « l’âme féminine la plus pleine de courage, de tendresse et de miséricorde. » — Béranger lui écrivait : « Une sensibilité exquise distingue vos productions et se révèle dans toutes vos paroles. » — Brizeux l’a appelée : « belle âme au timbre d’or. » – Victor Hugo lui a écrit, et cette fois sans que la parole sous sa plume dépasse en rien l’idée : « Vous êtes la femme même, vous êtes la poésie même. Vous êtes un talent charmant, le talent de femme le plus pénétrant que je connaisse. » — Ailleurs, Sainte-Beuve encore nous montre Lamartine écrivant avec effusion à madame Desbordes-Valmore : « La fortune, je l’espère, rougira de son injustice, et vous accordera un sort indépendant et digne de vous ; il ne faut jamais désespérer de la Providence, quand elle nous a marqué au berceau pour un de ses dons les plus signalés, et quand on sait, comme vous, l’adjurer dans une langue divine. »

Lamartine d’ailleurs, l’auteur des Méditations, le Chantre de Jocelyn, se sentait pour madame Desbordes, cette muse de l’élégie, une sorte d’attrait fraternel. Un jour, dans des stances célèbres, il donna un libre cours à ses poétiques sympathies pour son talent, et pour sa destinée assombrie par le malheur. Madame Desbordes-Valmore lui répondit par des vers admirablement inspirés. Vous me