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LA VIE ET LES ŒUVRES

marquable, comme le dit alors le secrétaire perpetuel, M. Villemain, par la haute moralité des sentiments que par le charme de la forme. »

Dans le monde des lettres, les plus grands esprits, dès qu’ils connurent madame Desbordes-Valmore, se prirent pour elle d’admiration et de sentiments de sympathie qui devinrent, chez quelques-uns, une profonde amitié. Il me suffira à cet égard, de citer des noms tels que Chateaubriand, Béranger, Alfred de Vigny, Victor Hugo, Lamartine, et parmi les femmes poëtes, mesdames Sophie Gay et Tastu. Cette dernière, si excellent juge des inspirations venues du cœur, portait bien haut sa digne émule. À des critiques qui reprochaient à madame Desbordes-Valmore les traces d’abandon et de négligence qui ne manquent pas dans ses vers, elle répondait : Qu’importe, a-t-on dit du chanteur Garat, que ce ne soit pas un musicien, si c’est la musique elle-même ? Qu’importe aussi que madame Desbordes ne soit pas un poëte, selon l’art, si elle est la poësie et l’âme ? »

Sainte-Beuve particulièrement avait pour cette bonne et éminente femme le culte de l’esprit et du cœur ; il s’est plu à recueillir les hommages littéraires dont elle avait le droit d’être le plus fière : « Toutes les voix, a-t-il dit, qui comptent parmi ses contemporains ont été unanimes à la louer comme il faut et à la définir des mêmes traits. — Alfred de