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LA VIE ET LES ŒUVRES

rations ; puis deux génies, à la puissante lyre, Lamartine et Victor Hugo marquaient par des chants immortels cette renaissance des lettres parmi nous.

Nous venons de rapprocher deux noms qui frappèrent presqu’en même temps nos oreilles charmées, les noms de Desbordes et de Lamartine. Ce rapprochement, ce n’est pas nous qui les premiers l’avons fait, mais bien l’éminent critique Sainte-Beuve. Écoutons le parallèle qu’il ne craint pas d’établir entre Elle et Lui, comme il dit dans son simple et fort langage :

« Elle et Lui, ont de grands rapports d’instinct et de génie naturel. Ce n’est point par simple rencontre, par pure et vague bienveillance que l’illustre élégiaque a fait les premiers pas au-devant de la pauvre plaintive. Toute proportion gardée de force et de sexe, ils sont l’un et l’autre de la même famille de poëtes. Comme Lamartine, madame Valmore n’eut de maître que le cœur et l’amour ; comme lui, elle ignore l’art, la composition, le plan ; mais elle est femme, elle est faible, elle n’a rien de l’ampleur, ni de la volée du grand cygne. »

Bien au-dessous des hauteurs où le grand cygne pouvait atteindre, il y avait encore une belle place à prendre, et, sans efforts, Marceline Desbordes s’y éleva. Ce n’est pas que tout d’abord l’accueil fait à ses poésies ait eu le bruit et l’éclat et d’un succès