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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

poésie qu’il y avait au fond de son âme, resteront dans l’histoire littéraire de l’Europe une étonnante époque. Tandis qu’au dehors des hommes tels que Goethe, Walter Scott, Byron, tenaient le monde sous le charme de leurs grandes pensées, de leurs admirables peintures, la France aussi voyait chez elle de beaux génies s’éveiller, une pléïade de vrais poëtes venait nous consoler n’avoir connu depuis longtemps que de corrects et froids versificateurs. Chose étrange ! les faits montrèrent alors une fois de plus que les époques remuées par de violentes tourmentes sont le milieu où se préparent à éclore les plus fortes œuvres de l’esprit humain. Tandis qu’il n’est pas rare de voir dans les temps calmes une certaine atonie des âmes, des goûts vulgaires et le ressort des esprits tendu surtout vers les intérêts positifs, on dirait que les générations nées au milieu des orages populaires et des terribles vicissitudes des batailles, ont reçu de ces épreuves mêmes une trempe supérieure, et qu’elles ont l’âme plus ouverte à toutes les vives et nobles émotions. C’est ainsi qu’entre 1815 et 1830, il nous a été donné de voir en France le réveil de la poésie. L’hymne de ce réveil, Marceline Desbordes l’a chanté ; du moins sa mélodieuse voix nous en a fait entendre les premières notes. Presqu’en même temps Casimir Delavigne et Béranger tiraient des malheurs mêmes de la patrie leurs plus belles inspi-