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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

et un effort, était chez elle spontané et comme jaillissant du cœur ; j’ouvre la notice de Sainte-Beuve : « Elle a chanté, dit l’éminent critique, comme l’oiseau chante, comme la tourterelle gémit. » Et voilà qu’en deux mots vous avez la notion exacte et la vive image du talent départi par la nature à Marceline Desbordes.

Elle ne publia son premier recueil de vers qu’après son mariage, en 1818, lorsqu’elle était dans sa 32e année. Pour donner libre carrière à son âme de poëte, avait-elle attendu l’âge mûr, l’âge où la froide raison et les épreuves de la vie positive font que le cœur bat moins vite, et que quelques ombres déjà se répandent sur les brillants mirages de l’imagination ? Non, certes : et comme nous avons vu l’âme de Marceline, encore adolescente, surabonder d’émotions, soyons sûrs que dès lors la poésie toute simple, toute naïve en débordait. Elle-même d’ailleurs nous le dit clairement dans un petit poème, où, sous ce titre : le berceau d’Hélène, elle reporte avec amour, avec tristesse, toutes ses pensées vers ses jeunes ans, elle nous montre ses premières poésies écloses avec les premières et délicieuses impressions de son cœur, dès qu’elle se sentit vivre. Dans ces vers, après avoir personnifié l’Espérance, comme une divinité envoyée au devant d’elle, elle ajoute :