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LA VIE ET LES ŒUVRES

Celui qu’on peut appeler le maître de la critique à notre époque, Sainte-Beuve, a tenu à honneur de mettre son cachet à une des éditions des poésies de madame Desbordes-Valmore. Dans la notice qu’il a placée en tête de cette édition, il s’exprime ainsi :

« Notre vœu s’accomplit. Nous avions désiré qu’un volume contînt et rassemblât la fleur, le parfum de cette poésie și passionnée, si tendre et véritablement unique dans notre temps. Madame Desbordes s’est fait une place à part entre tous nos poëtes lyriques, et sans y songer. Si quelqu’un a été soi dès le début, c’est bien elle. Elle a chanté comme l’oiseau chante, comme la tourterelle gémit, sans autre science que l’émotion du cœur, sans autre moyen que la note naturelle. De là, dans les premiers chants surtout qui lui sont échappés avant toute lecture, quelque chose de particulier et d’imprévu, d’une simplicité un peu étrange, élégamment naïve, d’une passion ardente et ingénue. »

Admirons en passant cette faculté des grands esprits de peindre d’un trait, et à n’y plus revenir, une situation, une individualité, un talent. J’allais chercher à vous faire saisir par quelques développements combien chez notre muse Douaisienne l’inspiration était naturelle, combien, ce qui chez d’autres est un effet du travail et de l’art, un calcul