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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

qui avait abandonné avec joie cette ingrate carrière, suivit résolûment son mari dans les pénibles pérégrinations auxquelles sa profession l’obligeait, et se livra tout entière à ses devoirs d’épouse et de mère. Elle semblait appelée à jouir du moins de tout le bonheur de la vie de famille ; et de ce côté-là même de douloureuses épreuves l’attendaient.

L’année de son mariage, elle perdit son père qu’elle aimait tendrement et à la vieillesse duquel elle s’était avec une pieuse constance efforcée de venir en aide. Un peu plus tard, elle vit ses joies maternelles changées en de cruelles douleurs. Elle perdit successivement deux enfants presqu’encore au berceau. Son cœur était déchiré ; sa santé s’altéra ; pour comble, au milieu de sa vie voyageuse et agitée, trop souvent elle connut ces sombres soucis que la gêne s’introduisant dans un intérieur de famille, amène après elle, et qui sont le supplice d’une épouse et d’une mère aux sentiments fiers et délicats.

Cependant de beaux jours se mêlèrent à cette vie trop souvent marquée d’un cachet de douleur. Mère de nouveau, madame Desbordes-Valmore vit grandir auprès d’elle une fille et un fils, son orgueil, sa joie, et en les aimant de toute son âme, elle se sentait consolée (autant qu’une mère peut l’être) de la perte de ses premiers-nés. Sa fille, sa charmante Ondine, (c’était le nom poëtique qu’elle lui avait