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LA VIE ET LES ŒUVRES

vers tous les périls de sa position, périls aggravés par sa vive imagination, par son âme à la fois ingénue et passionnée, Marceline Desbordes commanda toujours ce sympathique respect qui s’attache aux habitudes décentes jointes à la dignité des sentiments.

Dans un jour de tristesse profonde, repassant ses déceptions, ses amertumes, les blessures de sa fierté et celles de son cœur aussi, elle avait écrit ces vers découragés :

Sans prétendre aux doux noms et de mère et d’épouse.
Il me faut donc mourir !

Heureusement ces sombres pressentiments devaient être démentis. Un honnête homme, artiste dramatique qui ne manquait pas de talent, et que Talma, le célèbre tragédien, avait pris en amitié, M. Lanchantin, connu au théâtre sous le pseudonyme de Valmore, fut frappé de tant de belles et aimables qualités qui recommandaient la jeune artiste ; il rechercha et s’estima heureux d’obtenir sa main[1]. M. Valmore resta au théâtre ; sa femme

  1. C’est à Bruxelles, le 7 septembre 1817, que Marceline Desbordes épousa M. Valmore. Ensemble ils revinrent à Paris, en 1819, et M. Valmore fut engagé à l’Odéon qui se relevait de ses ruines après l’incendie dont il avait été atteint. Madame Desbordes-Valmore, en 1823, tout en accompagnant son mari de Lyon à Bordeaux, où il était appelé, renonça définitivement au théâtre.