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LA VIE ET LES ŒUVRES

qui avaient à élever une famille de quatre enfants, et qui n’avaient pour vivre que le travail bien amoindri, bien souvent interrompu du peintre-doreur, se trouvèrent à bout de ressources. Toutes leurs pensées alors se tournèrent vers une parente, propriétaire de quelques plantations à la Guadeloupe, et qui leur apparaissait riche, généreuse, prête à devenir pour eux comme une seconde providence, s’ils parvenaient à toucher son cœur. La pauvre mère se dévoua. Un jour il fut résolu qu’elle quitterait son pays, son mari, ses enfants ; qu’elle emmènerait avec elle seulement Marceline ; qu’ensemble elles entreprendraient un voyage, bien autrement pénible et redoutable alors qu’il ne le serait aujourd’hui ; qu’elles iraient d’abord, traversant toute la France, à Bordeaux, et que là elles s’embarqueraient sur quelque vaisseau marchand en partance pour la Guadeloupe. Cette résolution fut exécutée de point en point. Après une longue traversée, mêlée de bien des souffrances et des angoisses, madame Desbordes et sa fille touchèrent enfin la Guadeloupe. Mais là leur rêve, leur dernière espérance, s’évanouit fatalement. Elles trouvèrent l’île entièrement bouleversée par la révolte des noirs, les plantations dévastées, les colons ruinés et obligés de se soustraire par la fuite aux plus cruels traitements.

Les biographes nous dépeignent la mère de Mar-