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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

Ces détails nous viennent de Constant Desbordes, le peintre, oncle de Marceline. Elle-même a laissé quelques lignes qui complètent la peinture de cette scène émouvante, un des profonds souvenirs de son enfance. Elle y montre ses parents assistant à la lecture de la lettre : « La mère s’évanouit ; le père regarde ses enfants, et sort dans une horrible anxiété. Il rentre, après quelques pas dans le cimetière, et l’on décide que l’on répondra : Non. »

Il est facile de se figurer la détresse des parents de Marceline, dans tout le cours de la période révolutionnaire. Elle toutefois, charmante enfant, tendrement aimée, et naïvement heureuse, comme on l’est à cet âge, traversait en souriant ces années si sombres. Plus tard, quand nous examinerons les poësies de madame Desbordes-Valmore, et particulièrement celles tout imprégnées de ses souvenirs d’enfance, nous verrons quelles sereines images avaient laissées en elle ses débuts dans la vie, alors que, libre et joyeuse, à la tête d’un essaim de petites filles dont elle était adorée, elle courait prendre ses ébats sous les grands ormes de son vieux rempart, ou sur les tertres de gazon du cimetière Notre-Dame, ou enfin, dans ses jours de grande indépendance, quand elle se hasardait à aller butiner des fleurs sauvages dans les profonds fossés de la ville.

Cependant, vers l’année 97, les époux Desbordes,