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DE MADAME DESBORDES-VALMORE

le 20 juin 1786. Antoine-Félix Desbordes, son père, était peintre-doreur, et s’était fait quelque réputation pour l’exécution des armoiries et la décoration intérieure des églises. Un frère d’Antoine-Félix, Constant Desbordes, montra de bonne heure une vocation d’artiste. Il fut un peintre habile et excella surtout dans le portrait ; il fut apprécié des maîtres de l’École française renaissante. Gérard et Girodet estimaient son talent ; et ils l’admirent plus d’une fois à collaborer à leurs œuvres. Le musée de Douai possède de ce peintre plusieurs tableaux d’une remarquable exécution. Il lui doit le portrait de Marceline Desbordes ; elle est représentée dans tout l’éclat de ses vingt ans et dans une sorte d’extase poëtique qui lui fait lever au ciel ses yeux qu’elle avait les plus beaux du monde.

Les époux Desbordes vivaient dans une certaine aisance ; mais, après 89, le mouvement révolutionnaire qui s’accélérait chaque jour davantage, alarma et bientôt dispersa la riche clientèle du peintre d’ornements et d’armoiries, il en reçut un contre-coup dont il ne se releva point. Les premières atteintes de l’indigence commencèrent à se faire sentir autour du berceau de Marceline.

Ici se place un épisode qui met dans un jour bien honorable les sentiments de la famille Desbordes. « Au XVIIe siècle, des membres de cette famille, qui depuis longtemps avaient embrassé la religion ré-