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LA VIE ET LES ŒUVRES

elle parlait avec tout l’élan de son exquise sensibilité ; et lui venaient alors des expressions si fines, si tendres, si émues qu’on était tenté de croire son génie de narratrice supérieur à son talent de poëte. »

Moi-même j’ai eu quelques relations de société avec Madame Desbordes-Valmore ; j’ai été heureux de la rencontrer chez sa digne amie, Madame Desloges, que notre ville aussi revendique et qui a laissé des poësies pleines d’élévation et de charme. Je trouvai en Madame Desbordes-Valmore une de ces natures frêles, nerveuses, chez qui la vie morale surabonde, et qui, au point de vue de l’activité de l’esprit, du coloris des idées, de la chaleur des sentiments, semblent échapper à la loi commune et ne devoir pas vieillir ; sa taille était souple et jeune encore ; ses traits amaigris témoignaient de tant de douloureuses émotions qui l’avaient éprouvée ; mais l’expression de sa physionomie était gracieuse et sympathique au plus haut point. En la voyant, en l’écoutant, on était tout naturellement amené à ne tenir plus qu’un compte secondaire de son esprit, de ses talents, de sa renommée de poëte, et l’on faisait au-dedans de soi son plus bel éloge, en se disant : « Oh ! l’excellente femme ! »

Marceline Desbordes, d’une ancienne et honnête famille d’artisans de Douai, est née dans cette ville