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TOBY.

En voilà des aventures !…

SUZANNE.

Pourquoi ces sauvages nous ont-ils conduits ici ?

TOBY.

Le paysage manque de gaieté.

SUZANNE.

Ces grands feux me font une peur !…

TOBY.

Après ça, c’est peut-être une attention de ces messieurs… La nuit est froide !

SUZANNE.

Le fait est que ces sauvages n’ont pas l’air trop farouches.

TOBY.

Les femmes, surtout ! Je leur trouve un bon petit air.

SUZANNE.

Prends garde ! Ils semblent comprendre ce que nous disons.

TOBY.

Tu crois ?… quelle chance !… On pourrait essayer de les attendrir…

SUZANNE.

Et de les prendre par les sentiments !

Elle se rapproche peu à peu d’un sauvage en baissant les yeux. Toby s’approche d’une femme et la regarde d’en air sentimental. Le jour commence.

TOBY, baissant la voix.

Madame ! je vous en prie, expliquez-moi ce qu’on veut faire de nous. Jolie comme vous êtes, vous devez être sensible ! Faut-il vous dire que je vous aime !… Je ne reculerai devant rien ! (La femme se lève et s’éloigne.) Pas coquette ! c’est à refaire !…

Il cherche s’il voit une autre femme à laquelle il puisse parler ; toutes s’éloignent.

SUZANNE, s’adressant au sauvage qui la regarde sans bouger.

Monsieur… ayez pitié d’une faible femme… Si vous consentez à favoriser ma fuite, je me sens capable… des plus grands sacrifices… (Le sauvage lui tourne le dos.) Manant ! pas la moindre intelligence de la situation !