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ROBINSON.

Gourmand !

VENDREDI, préparant la table, servant Robinson et mangeant pendant ce qui suit.

Oh ! maître, ce matin, Vendredi a eu bien peur encore d’être mangé.

ROBINSON.

Comment cela ?

VENDREDI.

Vendredi a vu dans l’herbe des traces de pas.

ROBINSON.

Dans l’herbe ?

VENDREDI.

Et puis, sur le sable ! Alors, bien effrayé, Vendredi a cherché et regardé partout, pour voir si la tribu ennemie n’était pas venue… mais… rien… rien !…

ROBINSON.

Tu auras vu les traces de mes pas ou des tiens…

VENDREDI.

Oh ! non… les miens… tout petits… petits… mais les pas des sauvages, grands… grands… vilains !

ROBINSON.

C’est la frayeur qui t’aura troublé la vue.

VENDREDI.

Peut-être… parce que… le maître absent… Vendredi serait sans défense… Vendredi prisonnier… et vite.., vite… scalpé… Ça, qui est mauvais !

ROBINSON, prenant son fusil.

Mais ces armes dont je t’ai montré l’usage ?

VENDREDI, reculant avec effroi.

Les tonnerres ?

ROBINSON.

Oui… les tonnerres… Ne saurais-tu pas les faire gronder, comme je le fais moi-même ?

VENDREDI.

Oh ! non !… jamais !… trop peur !… Tonnerre tuerait Vendredi, si Vendredi le touchait.

ROBINSON.

Mais, en supposant que tu fusses menacé par tes propres