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s’est contenté de consigner l’histoire dans un cahier qui forme un supplément à sa Notice — sorte de musée secret et intime où l’on peut aujourd’hui pénétrer sans crainte, pour le plus grand bonheur des Stendhaliens.

Enfin les Budgets terminent la série de ces documents inédits.

III

Les rentes superbes que, de nos jours, les éditeurs servent à leurs édités auraient fait rêver les écrivains d’autrefois. Les auteurs, la plupart du temps, se contentaient des pistoles que leur rapportaient les épitres dédicatoires à la louange de quelque grand seigneur, voire même de quelque financier de haut parage. On sait que La Bruyère attendit presque dix ans avant de livrer au public son admirable ouvrage ; et s’il trouva enfin un homme de bonne volonté qui se chargea de faire les frais des Caractères, il dut cette aubaine au hasard. Encore aurait-il triomphé de ses hésitations, non par amour de la gloire ou du gain, mais par un sentiment de générosité délicate et de tendresse pour l’enfance.

La Bruyère, raconte-t-on, venait presque journellement s’asseoir chez un nommé Michallet où il feuilletait les nouveautés ; il avait pris en amitié la petite fille de ce libraire. Un