Page:Cordier - Comment a vécu Stendhal, 1900.djvu/15

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les lettres de Louis Crozet sont très importantes. Avec quelle netteté ce Dauphinois nous parle de son ami ! Il avait eu l’avantage d’être le collaborateur de Beyle. Nous sommes sûr que l’un des premiers livres de Stendhal : L’Histoire de la Peinture en Italie {1817), fut composé d’après les conseils de Crozet et non moins sûr que l’épisode saisissant de Napoléon à Laffrey dans les Mémoires d’un Touriste (1838) fut écrit par lui. Beyle avait en Crozet la plus entière confiance, il lui soumettait ses ouvrages avant de les envoyer à l’imprimeur. « Je suis passionné pour ta critique, lui écrivait-il, tu me connais intus et in cute. Ne ménage rien, donne le mot le plus cruel à la plus cruelle nouvelle, comme dit notre ami Shakespeare. » Crozet de son côté dit à Colomb en août 1842 : « Je suis peut-être le seul individu vivant avec lequel notre ami n’ait pas joué la comédie. »

Chacune des phrases de ces lettres est à retenir et à étudier ; et là encore s’évanouiront maintes légendes qui, grossies d’un biographe à l’autre, se sont enracinées dans l’esprit des gens.

Que dire du mariage projeté par Stendhal ? — Quel roman bien sec et bien pince-sans-rire son ami Mérimée aurait écrit d’après cette anecdote ! Mais Colomb, il faut le dire à sa louange, a eu le tact de n’en rien révéler. Il