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comme il les appelait, sont conservées dans une grande salle, sorte de « hall » éclairé par le toit, de son hôtel. Boulevard du Régent, à Bruxelles ; rien n’y attire le regard, ni l’or des reliures, ni la variété des couleurs des volumes : tout est renfermé dans d’immenses armoires peintes en gris que n’illumine aucune glace, mais dont les portes étaient généralement entrebaillées, ouvertes même pour les visiteurs dignes de contempler les trésors qui y étaient amoncelés : tel un gigantesque coffre-fort cache aux yeux de l’indiscret les richesses qu’il recèle.

Les grands caractères, tracés à l’encre bleue par George Sand, les lettres rondelettes de Gautier, les fusées de Balzac, la calligraphie correcte de Mérimée, le grimoire de Stendhal, et tant d’autres gribouillages encore de nos plus illustres écrivains du XIXe siècle, avaient trouvé là une retraite et un fidèle.

Trois grands dieux, véritable trinité, étaient vénérés dans ce temple : George Sand, Gautier, Balzac.

C’est à George Sand qu’il consacra dès 1868, sous le pseudonyme de « Bibliophile Isaac », sa première étude bibliographique ; mais moins favorisée que le propriétaire des Jardies ou que le poète d’Émaux et Camées, la châtelaine de Nohant n’a pas l'Histoire de ses Œuvres, et cependant l’Histoire des Œuvres de George Sand est annoncée dès 1887 sur la couverture