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— XVI —

Toutes les ambitions de sa vie étaient réalisées : ses trois fils se distinguaient par de remarquables travaux dans des branches diverses de l’orientalisme ; entouré des soins de la dévouée compagne de ses fatigantes campagnes d’Égypte, tout semblait sourire à Maspero. La guerre éclata soudaine, brutale, terrible, et le départ de son fils Jean pour le champ où l’appelait l’honneur, porta à sa santé une atteinte grave ; la mort en héros de ce fils aimé devant Vauquois, le 17 février 1915, devait le frapper d’un coup mortel ; il écrivit en termes émouvants dans leur sobriété la vie du jeune savant avec lequel s’anéantissaient tant d’espérances ; ce morceau, un des plus beaux qu’ait écrits Maspero et l’éloge de son regretté confrère Michel Bréal lu par son successeur, M.  René Cagnat, à la séance annuelle de l’Académie (24 novembre 1916), furent ses dernières œuvres. Lui aussi fut une victime de la terrible guerre et la plume s’échappa de sa main défaillante en pleine action scientifique.

Maspero joignait une culture encyclopédique à une mémoire prodigieuse ; un de nos amis communs le comparait à Pic de la Mirandole. Après de fortes études classiques, il avait étudié les langues vivantes et à la connaissance de la plupart des dialectes de l’Europe, il ajoutait celle de l’arabe. C’est à lui que pourrait s’appliquer le vers de la comédie de Térence, Heautontimorumenos : Homo sum et nihil humani a me alienum puto, car en dehors de ses recherches égyptologiques, il s’intéressait à toutes les questions de science et de littérature, et il se reposait par la lecture d’un roman de Charles Dickens du déchiffrement