de la partie accessible de ces deux poèmes, dont l'un comprend 240,000 vers, c’est-à-dire la matière de vingt Iliades, le second 48,000. Il faut ajouter que nous avons été suffisamment récompensé : à maintes reprises, côtoyant des notions purement scientifiques, nous y avons trouvé des idées si nobles, des hypothèses si consolantes, qu’elles mériteraient d’être vraies.
Au moment où, le terrain une fois déblayé, les derniers documents réunis, il nous a fallu songer à poser la première pierre de ce modeste édifice, nous avons failli céder au découragement. L’histoire de la médecine, en effet, est oubliée, méconnue, dédaignée, dans la plupart des Facultés françaises ; peut-être parce qu’elle nécessite davantage de labeurs, elle est l’objet de thèses de plus en plus rares, inquiètes de l’accueil qu’on leur réserve. Et cependant, relevant en ligne directe de l’histoire générale, dont elle partage la méthode et les moyens d’investigation, n’a-t-elle pas beaucoup à nous apprendre, et nous offre-t-elle moins d’utilité que d’intérêt ? — Attachée à nous retracer, à un point de vue spécial, les erreurs passées de l’esprit humain, pour en préserver l’avenir, à tirer de l’oubli quelques grands noms tombés dans l’inconnu, à nous indiquer enfin nettement la si lente évolution d’une science à laquelle ou n’a jamais cessé d’avoir recours, n’est-elle pas bien digne de captiver certains esprits ?
Dans quelques jours, les hasards d’une carrière périlleuse vont nous séparer, peut-être à jamais, des maîtres bienveillants à qui nous devons le peu que nous sommes : le souvenir de leur enseignement nous suivra jusqu’au bout de l’existence, avec celui de l’intérêt qu’ils n’ont cessé de nous témoigner.