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nous avions donné déjà à l’histoire moderne de la géographie africaine le premier explorateur européen, — João Fernandes[1] (1445), — entre autres expeditions je signalerai en passant celles de Pero d’Evora et de Gonçallo Eannes à Tucorol (probablement la Tocoror des anciennes cartes, la Tokrour des Prolégoménes de Ibn-Khaldonn, — Thekrus ? — ) et à Tombouctou ; — de Mem Rodrigues et Pero d’Astuniga à Tombouctou et près de Temala, roi des Foullahs ; — de Rodrigo Rebello, Pero Reinel, João Collaço, la première fois, et de Pero Fernandes en 1534 par ordre de l’historien Barros, dans l’intérieur de la Sénégambie au pays appelé Mani-Mansa, le Mani-Mana placé par Lopes (1591) dans le haut Niger[2] ; — de Rodrigo Reinel,

    Abexin que o vulgo chamaua Preste João : & hauendoa procurassem chegar a elle.

    Hist. de S. Dom. — Luiz Cacegas, ref. Fr. L. de Sousa, — 2e p. — Éd. 1662.

  1. Barros, etc.
  2. Mansa en langage mandinga serait, paraît-il, l’équivalent de Muene dans celui du Congo. De là Mandi-mansa, maître, roi, empereur. Kopke en éditant Almada : Trat. breve dos rios de Guiné, fait de Mandi-mansa, maître ou roi de Mandi ; de Casa mansa ; maître ou roi de Casa ; de Combo-mansa, etc.

    Almada (1594) suppose que le nom de Mandi vient des mandingas, celui de Casa, des Casanges, etc.

    Nos auteurs conservent la tradition d’une grande invasion ou d’une suite d’invasions, dont l’une pendant la première moitié du XVIe siècle, de peuples très barbares et anthropophages venus de l’intérieur de l’Afrique et qui étendirent leur domination jusqu’à Gambia et au Congo. Ces peuples étaient, suivant Almada (1594) les Mandimanças ou plutôt les Manes plus connus sous le nom de Sumbas. Dans la Relation ann. des jésuites (Guinée) relative à 1602-1605. (Éd. de 1605) il est dit que ces envahisseurs s’appelaient au Congo Iacás, à Angola Gindas, dans l’Inde (?) Zimbas, dans l’Éthiopie du Prête, Gallas, et dans la Guinée, Çumbas « nom qui fut changé en celui de Manes » qui parvint jusqu’à Serra Leoa (Sierre Leone).

    Dans une autre occasion je réunirai quelques données concernant cet important sujet. Ce qui est certain, c’est qu’au temps d’Almada le Mandi-mansa était l’un des plus grands, sinon le plus grand potentat du continent africain à l’O. et au N. du Congo.

    Suivant Almada ce roi régnait sur un pays de plus de 300 lieues d’étendue ; il dominait d’un côté le commerce de Rio de Gambea etc. et d’un autre côté faisait chercher l’or pour lui et pour Tombouctou très avant dans l’intérieur (dans les montagnes de Sofala à ce que suppose Almada).

    Ses agents mettaient plus de six mois à ces expéditions.