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c’est qu’elle est fondée sur des qualités dont j’ai senti la réalité et la valeur de jour en jour. »

Chaque année, il atteste qu’il l’aime comme au premier jour, qu’elle lui manque et qu’il l’attend comme à la première séparation. Au bout de douze ans, à la veille du retour, il lui écrit : « C’est comme le premier jour et, quand nous nous verrons, ce sera comme la première fois. »

Et quand il part pour la Russie, en 1773, c’est-à-dire après dix-sept ans de tendresse, il écrit à Sophie, de La Haye : « Vous me serez aussi chère sous le pôle. »

Ces variations ne sont pas toujours aussi simples et directes. Il en est de sonores, il en est de subtiles.

Ce grand manieur de mots et d’idées, qui respire la force et presque la violence, trouve parfois les accents les plus délicats pour chanter sa tendresse. N’est-ce pas lui qui a dit : « Quand on écrit à des femmes, il faut tremper sa plume dans l’arc-en-ciel et jeter sur sa ligne la poussière des ailes du papil-