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Au loin, près de la Marne, frissonnent toujours les Vordes, ces bouquets de peupliers qui enchantaient Diderot : « Ces Vordes me charment ; c’est là que j’habiterais ; c’est là que je rêverais, que je sentirais doucement, que je dirais tendrement, que j’aimerais bien… »

Chose singulière, dans tout ce paysage, la Marne seule a changé. Son lit se déplace. La rivière s’avance et gagne sur l’ancien domaine de la famille Volland.

En l’absence des propriétaires actuels, le logis même était fermé, lors de notre visite. Cela valait peut-être mieux. Nous pouvions imaginer que l’intérieur est resté tel que Diderot l’a décrit, que le grand salon a conservé ses « boisures simples » et ses trumeaux naïfs. Et derrière ces portes et ces persiennes closes, dans ce château de la Belle-au-Bois-dormant, nous pouvions imaginer que reposait toujours Sophie Volland, ange de douceur et démon d’esprit.

Débordantes, tumultueuses, ces lettres de Diderot