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précédente à son retour de Langres, afin de prendre au passage Mme Volland. Je rappelle que ce château existe encore. Je l’ai vu, dans la mélancolie d’un automne prématuré, par un jour de bruine, sous un ciel dépoli. Au bord de la plaine unie, semée de boqueteaux, où serpente la Marne, il apparaît de loin, encadré d’arbres plus hauts que lui, simple et charmant sous sa robe grise.

Une avenue de feuillage conduit jusqu’à la grille. Elle franchit sur un petit pont de grès le fossé dont les eaux verdies entourent le château. Sur la première pierre de ce pont, qui fut posée en 1732 par Mme Volland, son nom et cette date sont sculptés. Je n’ai pas su les découvrir parmi bien d’autres noms, bien d’autres dates, gravés vers la même époque, et qui restent très lisibles.

C’est à cet endroit que Diderot, bien incertain de l’accueil que lui réserverait Mme Volland, descendit de voiture. Il écrit à Sophie, restée à Paris : « Que lui dirai-je ? Que me dira-t-elle ? Le cœur me bat bien fort. » Il aperçoit Mme Volland. « Il était à peu près six heures lorsque la chaise est entrée dans l’avenue. J’ai fait arrêter ; je suis descendu, je suis