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Diderot a souvent déploré d’avoir écrit Les Bijoux indiscrets. « Ce sont des intempérances de l’esprit qui lui ont échappé », écrira-t-il au lieutenant de police Berryer. À la fin de sa vie, il assurait à son ami Naigeon « que s’il était possible de réparer cette faute par la perte d’un doigt, il ne balancerait pas d’en faire le sacrifice ». Mais il avait l’âme excessive.

N’avait-il pas d’illustres prédécesseurs, qui avaient dû voiler aussi la satire sous le libertinage ? Il l’indique lui-même, dans un autre mea culpa, dans la dédicace à Mme de Prémontval d’austères Mémoires de mathématiques. « Je n’opposerai pas à vos reproches l’exemple de Rabelais, de Montaigne, de Swift, et de quelques autres que je pourrais nommer, qui ont attaqué, de la manière la plus cynique, les ridicules de leur temps et conservé le titre de sages… Sans perdre le temps en apologie, j’abandonne la marotte et les grelots, pour ne les reprendre jamais. »

Ayons donc plus d’indulgence pour lui que lui-même. N’était-il pas dans le ton de l’époque ? Les femmes ne lui pardonneront-elles pas d’avoir donné