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Mme de Vandeul, dans ses Mémoires, le raconte bien ingénument : « Mme de Puisieux était pauvre ; elle demanda de l’argent à mon père ; il publia l’Essai sur le Mérite et la Vertu, vendit cet ouvrage cinquante louis et les lui porta. »

Ce n’était encore qu’une traduction libre d’un philosophe anglais. Mais Mme de Puisieux lui donna très vite l’occasion d’écrire un premier ouvrage vraiment original. En effet, « bientôt elle lui demanda une nouvelle somme ; il publia Les Pensées philosophiques, les vendit cinquante louis et les lui porta. »

Cet ouvrage fut écrit en trois jours, du Vendredi-Saint au dimanche de Pâques. Bien que l’athéisme n’y parût point encore, il fut condamné au feu par le Parlement, en juillet 1746.

Peu après, Diderot eut l’imprudence de prétendre, devant Mme de Puisieux, que les légers romans de Crébillon, alors en pleine vogue, étaient faciles à imiter. Il suffisait, disait-il, de développer en libertinage une idée plaisante. Son amie le défia de produire un ouvrage de ce genre. Quinze jours plus tard, nous dit Mme de Vandeul, « il lui porta Les Bijoux indiscrets et cinquante louis ».