Page:Corday - La Vie amoureuse de Diderot.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les méchants ont beau jeu : il vit avec deux femmes ; il a des bâtards. La naissance, les mœurs, le caractère de Nanette ne sont point épargnés. Mais cette fois, le maître coutelier ne se roidit pas d’indignation. Il se penche. Il veut savoir. Il écrit à son fils. Voyons, oui ou non, est-il marié ? Oui ou non a-t-il des enfants ? S’il en a, qu’il les fasse voir, ces petits, que diable ! Le geste n’est-il pas charmant ?

Sa dure enveloppe cachait un cœur tendre. Certains traits de sa vie l’avaient déjà décelé. Ainsi, lorsque Denis était entré chez les Jésuites de Paris, son père ne s’était pas borné à l’accompagner. Il était resté toute une quinzaine dans une auberge où il périssait d’ennui, simplement pour s’assurer que son fils s’accommodait de sa nouvelle vie et pour pouvoir le remmener dans le cas contraire.

Écoutez le ton de sa lettre à ce fils dont on lui dénonçait les désordres : « Je vous préviens que vous ne recevrez jamais de preuves de mes bonnes grâces que vous ne m’ayez marqué au vrai et sans équivoque si vous êtes marié comme on l’a écrit de Paris et que vous avez deux enfants. Si ce mariage est