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logeaient plus sous le même toit. Il habitait rue des Deux-Ponts. Elles habitaient rue Poupée. Personne ne soignait Denis Diderot. Personne ne lui apportait même de tisane. Il maigrissait. Il dépérissait. Du coup, toutes leurs roides résolutions s’écroulèrent. Elles accoururent à son chevet. Elles devinrent ses gardes-malades. Et pour hâter sa guérison, on lui promit le mariage.

Ah ! Ça ne traîna pas. Dès sa première sortie, il fit publier un ban, il acheta la dispense des deux autres. En même temps, il obtenait l’autorisation de se marier, non pas à l’église Saint-Louis sa paroisse, ni à l’église Saint-Séverin, paroisse de Nanette, mais à Saint-Pierre-aux-Bœufs, où l’on célébrait volontiers les mariages de minuit.

Ces mariages étaient fort réguliers. Ce n’étaient même pas des mariages clandestins. On se mariait à minuit pour les raisons les plus disparates. Les uns par besoin de faste et d’originalité. D’autres au contraire pour cause de deuil. D’autres encore par crainte d’un scandale, d’un charivari.

Pour Diderot, qui se mariait à l’insu de sa famille, le mariage de minuit devait être surtout un