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ticité de ces pages si tendrement, si pieusement indulgentes. Pour moi, j’y trouve un accent filial qui sonne vrai et que l’on ne peut guère imiter.

Denis Diderot usa donc à nouveau de ce subterfuge afin de pénétrer chez ses voisines. Il leur apprit qu’il se destinait à l’état ecclésiastique, qu’il allait entrer au séminaire de Saint-Nicolas. Il devait auparavant réunir un trousseau. Consentiraient-elles à s’en charger ?

À vrai dire, il avait bien failli devenir prêtre. À treize ans, lorsqu’il était élève au collège de Langres, il avait reçu la tonsure. Puis, pendant deux ans, il avait porté la robe des clercs. Un de ses oncles, qui était chanoine, avait marqué, jusqu’à sa dernière heure, sa volonté de l’avoir pour successeur. Toute sa famille épousait ce vœu. Et lui-même, adolescent enthousiaste, sensible et prompt, avait fort bien pu croire un moment à sa vocation religieuse.

Mme Champion et sa fille étaient pieuses. La profession choisie par leur voisin les rassura pleinement sur lui. Elles cessèrent de fermer leur porte au futur séminariste. Elles la lui ouvrirent d’autant