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le départ du marquis de Croixmare, charmant vieillard, naïf et bon, qui s’était retiré dans ses terres, en Normandie. Diderot fut l’âme du complot. Il imagina qu’une jeune religieuse de Longchamp, contrainte par sa famille à prononcer ses vœux, avait pu s’échapper du couvent et demandait protection à M. de Croixmare. Les amis du marquis espéraient qu’il allait bondir au secours de l’infortunée et que, la supercherie découverte, il leur resterait.

Le philosophe forgea donc des lettres de la religieuse au marquis. Une correspondance s’établit. Puis, afin de rendre cette malheureuse plus intéressante encore aux yeux du vieillard, Diderot décida qu’elle lui confesserait toute l’histoire de sa vie. Il l’écrivit. Ce sont ces mémoires mêmes qui constituent le roman de La Religieuse. Ajoutons que le crédule marquis, au lieu d’accourir à Paris, résolut de recueillir la jeune fille dans son château normand. Si bien que Diderot dut prendre le parti de la faire mourir.

Pendant qu’il écrivait les Mémoires de la religieuse, un de ses amis le surprit tout en pleurs. « Qu’avez-vous ? — Ce que j’ai ? Je me désole d’un