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à toute autre. » Loin d’elle, l’ivresse d’être aimé l’anime et le transporte encore. « J’étais plein de la tendresse que vous m’aviez inspirée quand j’ai paru au milieu des convives ; elle brillait dans mes yeux ; elle échauffait mes discours ; elle disposait de mes mouvements ; elle se montrait en tout… Je leur semblais extraordinaire, inspiré, divin… Tous étaient étonnés… C’était comme un feu qui brûlait au fond de mon âme, dont ma poitrine était embrasée. »

Ainsi, même lointaine, elle était présente. Et pendant près de trente ans, penchée sur lui comme un invisible échanson, elle lui a versé ce divin cordial qui l’a soutenu, ennobli, exalté. Amie ou maîtresse, qu’importe ? Elle fut la déesse de sa vie.